Victoire de la Seleka au Centrafrique :Modeste BOUKADIA montre la route vecteur d’avenir et de réussites pour la Nouvelle République*
« Le colonel Marcel Tsourou et ses co-détenus doivent être libérés, lavés de tout soupçon, reconduits dans leurs fonctions et promus. » dit-il.
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (C.D.R.C.), Modeste Boukadia s’est prêté à nos questions pour parler de la vie politique, économique et sociale du Congo. Dans cette interview, il dit tout haut ce qu’il pense pour l’avenir de ce pays. Voici ce qu’il dit.
La Griffe : Monsieur le Président, au cours de votre dernière conférence, vous avez dit « vous vous engagez pour que la presse soit véritablement libre et indépendante ; que les journalistes ne doivent pas être soumis à un quelconque pouvoir » pour éclairer l’opinion. Pourquoi cet engagement ?

Modeste BOUKADIA : La presse et les journalistes constituent le 4ème pouvoir dans un pays où l’Etat existe réellement. En ce sens, le 4ème pouvoir sert de traducteur et d’analyste du discours politique pour évaluer le débat et faire entendre les attentes de la population et de la société. Pour que ce travail soit bénéfique pour le pays, il est essentiel que la presse et les journalistes jouent leur partition sans être inféodés à des partis politiques même si les journalistes ont leur propre opinion politique. Oui, il est fondamental que la presse soit fortement libre et indépendante pour qu’elle fasse correctement son travail d’éclairage de la population sur les visées politiques, économiques, sociales de la classe politique, des entreprises voire de la société civile.
Bien sûr, je suis conscient que notre pays est classé comme une dictature, d’après le dernier rapport des Libertés dans le monde de l’ONG américaine FREEDOM HOUSE publié en Mars 2013. Cela veut dire que la plupart des médias, notamment ceux d’Etat sont soumis à des pressions importantes du pouvoir PCT/RMP qui inhibent la liberté des journalistes. Mais, je suis confiant que lorsqu’il y aura le Gouvernement d’Union Nationale, nous nous engageons pour que la presse et les journalistes fassent leur métier dans les meilleures conditions possibles de liberté et d’information. Le programme de gouvernement que je propose pour tout le Peuple du Congo est la mise en place de l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la justice pour tous.
L’Etat de droit veut dire respect des droits humains et liberté garantie de la presse. Nous allons nous atteler pour que les journalistes soient bien formés et bien outillés pour leur travail d’informer l’opinion et de mener des investigations crédibles dans le respect de la déontologie de leur corporation. Nous allons favoriser le développement de cette profession pour qu’il y ait de vrais patrons de presse qui feront le poids vis-à-vis du pouvoir politique mais il est clair qu’il doit y avoir un respect réciproque sans calomnie des uns des autres.
L.G.: Vous vous êtes aussi exprimé sur la situation globale du pays en précisant « qu’on ne doit pas détricoter le costume de Monsieur Sassou qui lui va si bien ! » au risque, dites-vous, d’avoir deux Etats dans notre pays implosant ainsi la République Une et Indivisible. Cela veut-il dire qu’on ne doit ni changer ni modifier la Constitution du 20 Janvier 2002 ?
M.B.: Je souhaite préciser un point historique capital qui détermine notre position. Le général d’Armées Sassou Nguesso avait justifié le coup d’Etat du 5 juin 1997 auprès de la communauté internationale par la raison suivante : la violation constante de la Constitution du 15 Mars 1992 par le Président élu Pascal Lissouba ; Constitution examinée par le Conseil Supérieur de la République le 20 Décembre 1991 à la suite de la Conférence Nationale Souveraine puis approuvée lors du référendum constitutionnel du 15 Mars 1992 par le Peuple du Congo avec un taux de participation de 96%. Cette raison avait été estimée suffisante par la communauté internationale et le Peuple du Congo ayant pris acte et fait de cause. Mais par la suite, il eut ce que d’aucuns pouvaient qualifier une forfaiture lorsque Monsieur Sassou Nguesso s’est taillé sur mesure la Constitution du 20 Janvier 2002 après une période de transition flexible de cinq ans mettant ainsi la communauté internationale et le Peuple du Congo devant un fait accompli. C’est pourquoi, il n’est pas nécessaire ni de changer ni de modifier ce « costume qui lui sied si bien ». C’est pourquoi, il est important que ceux qui jouent aux apprentis-sorciers sachent que si une des options, changer ou modifier la Constitution du 20 Janvier 2002, devait être envisagée, le Peuple du Congo serait dans sa légitimité souveraine incontestable.
Le Président français Jacques Chirac disait « Il faut toujours annoncer aux autres ce que l’on va faire. Ils ne vous croient jamais. Quand cela arrive, ils ne peuvent pas dire qu’il y a trahison. » On entend ici et là que « le pays est en danger » parce que les faits sont têtus et que l’histoire se répète toujours. En d’autres termes, des difficultés majeures qui nous feraient tous mal pourraient surgir avec des conséquences inimaginables pour nous tous. Le Congo a déjà beaucoup perdu et il est souhaitable que nous nous attelons à avoir une véritable paix par la création des entreprises pour favoriser l’emploi des jeunes que de recommencer toute expérience douloureuse.
Je ne demande rien d’autres que la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale parce que notre pays est un bien commun qui appartient à nous tous. Monsieur Sassou Nguesso et son clan en ont fait une propriété privée… alors, j’ai pris de la distance qui s’impose pour que les Congolaises et les Congolais ne soient plus ni leurs esclaves ni de leurs amis les Ouest-Africains qui traitent nos compatriotes de « Congolais zoba » c’est-à-dire « idiots de Congolais ! »
L.G.: Avez-vous les moyens de cette politique ?
M.B.: Je suis pour l’Unité Nationale et pour la Réconciliation. Je ne suis pas à l’origine de la mise en place de l’Etat du Nord-Congo. Les Congolais ont été mis devant un fait accompli du fait du Prince… Vous me posez la question de savoir si j’ai les moyens de cette politique. Ce que je propose au Peuple du Congo est une politique humaniste altruiste ; celle de la restauration de l’Etat dans ses fonctions régaliennes, en tant que garant c’est-à-dire régulateur et non gérant, par la mise en place de la bonne gouvernance, le respect de l’intégrité territoriale, le respect des droits de l’Homme et la justice équitable pour tous les citoyens de notre Pays.
Notre politique sera une politique de proximité c’est-à-dire sera très proche des districts où nous allons favoriser la création des entreprises en fonction des projets productifs. Notre politique de proximité va s’accompagner de la construction des routes économiques pour favoriser la circulation des produits et des hommes pour que notre marché intérieur soit effectif. Le district sera l’unité de vie économique qui va générer les emplois pour les jeunes et ensuite favoriser l’accès à tous les services sociaux vitaux à tous les habitants de notre pays, à savoir la santé, la formation professionnelle, l’éducation nationale, le sport, la prise en charge des personnes à mobilité réduite, les transports en commun, etc. Les douanes, les impôts, les prix du pétrole et des carburants retiendront toute notre attention. Notre programme de gouvernement pour la Nouvelle République va s’appuyer sur un certain nombre de grands travaux comme le barrage de Sounda ou barrage du Kouilou, le développement du port de Pointe-Noire et l’extension du réseau ferré sur toute l’étendue du territoire qui vont lancer le marché intérieur. A côté de ces grands travaux, il y aura des entreprises de relais d’accompagnement pour permettre au marché intérieur de fonctionner correctement.
Concernant la politique des revenus, elle sera à la hausse. Il faut payer plus pour que les gens consomment plus tout en diminuant les prix des produits de première nécessité. Nous allons revoir l’ensemble des problèmes qui se posent à tous les niveaux en fonction de l’activité professionnelle mais assurément nous allons lancer une concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux pour contracter un revenu minimum brut dont le salaire minimum net acceptable sera payable pour moitié à la quinzaine afin de faciliter la vie de nos concitoyens. Nous estimons le revenu brut mensuel garanti aux environs de 230 000 FCFA. C’est le moins que nous pouvons proposer à négociation avec les partenaires sociaux. Pour ce qui est de l’impôt, de la fiscalité, l’ensemble des prélèvements se fera à la source pour la couverture sociale généralisée ou sécurité sociale afin que la santé soit gratuite pour tout le monde, les allocations familiales à toutes les familles pour une politique sociale viable, la retraite et l’investissement la création des entreprises. Il est important que tous nos concitoyens payent l’impôt sur le revenu pour que chacun jouisse d’une retraite même nos parents qui n’ont jamais travaillé mais qui ont élevé des enfants. Chacun doit se sentir concerné par le développement du pays car chacun verra où va son argent. Quoiqu’il en soit, il va y avoir des négociations avec chaque catégorie socio-professionnelle pour rattraper le retard sur les revenus et les indexer au coût actuel de la vie. Le plus important, nous allons nous atteler pour que ce revenu brut soit inscrit dans la loi et que toute entreprise s’y tienne y compris les taxis et les foula-foula. En terme général, l’impôt sur les sociétés sera modulé en fonction de ce qu’elles font de leur bénéfice s’il y a réinvestissement, la taxation sera moindre que si elle le redistribue. En d’autres termes, nous allons faire appliquer la loi pour que tout employé ait une fiche de paye et donc s’acquitte de l’impôt sur le revenu y compris chez les Ouest-Africains.
Les transports en commun ont un rôle essentiel dans la vie en société et l’intégration. Nous allons faire de telle sorte que les transports publics prennent le dessus sur les foula-foula et autres. Pour la santé et le bien-être de nos concitoyens, nous allons voir avec les mairies qui sont des districts l’ensemble des problèmes de voiries et assainir tous les marchés qui sont dans la boue et la saleté, causes des fièvres typhoïdes et d’autres maladies, etc. Une attention particulière sera portée sur un sujet qui fait très mal, celui des femmes violées et les enfants issus de ces viols. Dans notre projet de gouvernement, nous y avons inscrit l’indemnisation de toutes les victimes innocentes après le recensement général de la Population et de l’Habitat pour reconstruire tout patrimoine qui a été détruit.
Pour la Défense Nationale, nous allons également réorganiser les Forces de souveraineté parce qu’elles sont le soubassement de l’Unité Nationale. Nous reverrons l’ensemble des effectifs, les grades en fonction des classes même pour ceux qui sont à la retraite. Nous allons aussi revoir l’effectif de nos fonctionnaires pour les mettre aux normes et en fonction de chaque région. Cela veut dire que chaque région doit fournir dans la mesure du possible le même nombre de soldats et nous allons instaurer des concours équitables. Pour ceux qui sont déjà intégrés dans l’armée, nous allons proposer un programme de mise à niveau et de formatage pour qu’ils acquièrent l’esprit d’un soldat…
L.G.: … Vous parlez de la réorganisation du pays mais la question concernait la possible partition du pays que vous avez évoqué lors de votre conférence de presse.
M.B.: C’est un tout. C’est Denis Sassou Nguesso qui est à l’origine de la partition de fait du pays puisqu’il pratique la politique de la discrimination des Congolais et la violation des droits humains avec son gouvernement et son Haut Commandement Militaire dont 98% des membres sont originaires de son clan qui renforcent l’Etat du Nord-Congo. C’est lui qui refuse de mettre en place un Gouvernement d’Union Nationale. Pendant combien de temps un peuple doit-il supporter les vexations et les frustrations…
L.G.: … Cela est-il suffisant pour que vous aussi vous pratiquiez la même politique que lui ?
M.B.: Je ne pratique pas la même politique que lui. Je propose « Ensemble, Construisons l’Avenir ». De plus, je ne suis pas à l’origine de l’incompréhension entre le pouvoir PCT/RMP et le Peuple du Congo. Nous tirons les conséquences qui s’imposent. Mais, je dénonce bien sûr cette partition de fait du pays.
L.G.: Cela veut dire que s’il vous demande d’aller chercher votre « fameux coq », vous ne répondriez pas ?
M.B.: J’ai déjà répondu. Il s’agit de mon bon droit. C’est un dû !
L.G.: C’est-à-dire que ce dû peut entraîner la confrontation avec lui…
M.B.: … Qui vous parle de confrontation ! L’Etat du Nord-Congo est une réalité que les Congolaises et les Congolais subissent. Le Peuple du Congo a sanctionné cette division par un taux d’abstention de 94% lors des dernières fausses élections législatives. Nous, nous inscrivons aux côtés du Peuple du Congo, le seul Souverain parce que je suis un démocrate et un républicain…
L.G.: … Donc en tant que démocrate et républicain, en fonction de vos 94%, vous revendiquez le droit à l’existence de l’Etat du Sud-Congo ?
M.B.: J’appelle à la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale depuis 2008 pour sauvegarder l’Unité Nationale et favoriser la Réconciliation des Congolais. Le Peuple du Congo ne veut plus subir les pratiques d’un gouvernement dont certains ministres sont là depuis 1969. Il n’est pas difficile de comprendre cela et de changer quand je sais que Monsieur Sassou Nguesso avait signé des accords avec le Président Pascal Lissouba en 1992 mais en 1993 il a engagé des hostilités. C’est pour dire que d’après lui, ça ne marchait pas. Aujourd’hui, c’est nous, Peuple du Congo, qui réclamons ce qu’il avait fait c’est-à-dire le changement.
Le général d’Armées des FDP-FDU Denis Sassou Nguesso a signé le 20 octobre 1997 à Paris 7ème dans les locaux de l’Ecole Militaire des accords par l’intermédiaire de ses porte-paroles officiels en France, MM. Mathias Dzon et Rodolphe Adada ; il a dépêché un Monsieur « Bons offices » de Bruxelles à Paris le même 20 octobre 1997. Aujourd’hui, nous sommes en 2013, cela fait 16 ans. Alors pourquoi inversez-vous le problème ? Le problème dans ce pays est Monsieur Sassou Nguesso qui ne respecte pas les engagements pris alors qu’il se précipite pour être médiateur ailleurs pour faire respecter les engagements ou éteindre le feu ailleurs.
L.G.: Si l’on vous suit bien, vous vous estimez en bon droit de mener la même politique que le Président Sassou Nguesso dans sa pratique de l’Etat du Nord-Congo en configurant l’État du Sud-Congo en fonction de ces 94% ?
M.B.: Si vous faites un sondage sur cette question, vous serez surpris de constater que la majorité du Pays le souhaite, le veut et l’exige. Je ne demande rien d’autres que la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale et l’intégrité territoriale sera maintenue. Je sais que nos Forces de souveraineté maintiennent cette intégrité de la République Une et Indivisible et ceux qui la violent en morcelant le pays, c’est bien le pouvoir PCT/RMP c’est-à-dire Monsieur Sassou Nguesso. Je suis conscient que nos Forces Armées ont juré fidélité à la République et de défendre l’Uniforme et le Drapeau de notre Pays.
Je sais aussi de quel côté se trouveront nos vaillants soldats parce que je suis conscient que nos combattants, nos officiers supérieurs et généraux ont en mémoire leur déclaration de soldat « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut pas lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. » Or depuis, on a réduit nos soldats à tricher, à se dédire, à se contredire, à mentir, à se renier, à se parjurer.
Je propose de mettre fin à tout cela et d’améliorer leur ordinaire pour que nos Forces Armées Congolaises retrouvent leur Honneur de porter l’Uniforme pour l’Honneur du Drapeau de notre Pays, le Congo qui est une République Une et Indivisible comme cela été déclarée le 28 Novembre 1958 à Pointe-Noire par les Pères-Fondateurs, Fulbert Youlou, Jacques Opangault et Félix Tchicaya.
L.G.: Que pensez-vous du développement du dossier des BMA en France où vous avez vos entrées surtout que vous avez dit lors de la conférence de presse « qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières et que vous garantissez les intérêts du Président Sassou Nguesso, de sa famille, de ses amis et de ses partenaires » ?
M.B.: Cela ne me regarde pas. Il s’agit d’un problème privé qui concerne la justice française et la famille Sassou Nguesso. Je ne commente jamais les décisions de justice. Par ailleurs, je signale que j’avais écrit un article « Un Président ne rend compte qu’à son peuple Souverain ! » ; un article que certainement les intéressés ont en mémoire. Je maintiens ce que j’ai écrit comme je confirme ce que j’ai dit concernant les BMA.
Tout comme sur la libération du colonel Marcel Tsourou et tous les autres officiers et sous-officiers incarcérés, je réitère ce que j’ai déjà dit sur les chaînes de télé et radio à Pointe-Noire et à Brazzaville. Du point de vue de la chaîne de commandement militaire, Marcel Tsourou ne devait pas répondre parce qu’il est sous le commandement de son chef hiérarchique, à savoir le vice-amiral Jean Dominique Okemba le vrai patron des services de sécurité de l’Etat, qui en toute logique devait le protéger parce qu’on ne livre jamais son second. A moins que le colonel Marcel Tsourou ait désobéi à un ordre spécial émanant de son chef hiérarchique et il serait en prison pour cette raison qu’on ne peut pas rendre publique ; dans ces conditions, c’est dans une prison militaire qu’il devait être aux arrêts de rigueur pour comparaître devant un Tribunal militaire pour désobéissance et non être déféré dans un pénitencier civil pour être jugé par une cour d’instance civile. Quelle autorité aurait cet officier plus tard devant les civils et les délinquants de ce pays ? Pour moi, le seul responsable dans la tragédie du 4 mars reste le court-circuit. Je m’en tiens à cette version officielle à moins qu’on rende publique le vrai motif, s’il existe, de son incarcération. Il est clair qu’il y a eu un disfonctionnement dans la chaîne de commandement. Ce n’est pas au colonel Marcel Tsourou et ses co-détenus de payer. Je redemande qu’ils soient libérés, lavés de tout soupçon, reconduits dans leurs fonctions et promus comme l’a été Jean Dominique Okemba avec le grade de vice-amiral.
L.G.: Alors Monsieur Boukadia, que pensez-vous dans ce cas du meeting de l’opposition du 9 mars dernier au boulevard Alfred Raoul qui réclame les Etats généraux et la proposition du PCT de se retrouver à Dolisie pour un dialogue, vous y serez ?
M.B.: J’avoue que je n’ai pas suivi cet évènement parce qu’il n’apporte rien au débat pour cause le Congo n’a pas besoin qu’on fasse son bilan de santé puisque le mal est connu c’est-à-dire la présence de Monsieur Sassou Nguesso à la tête de l’Etat depuis 32 ans. Même quelqu’un qui n’a jamais fait de politique le constate alors pourquoi distraire les gens avec les Etats généraux ? Si j’avais un langage léger, j’allais dire que ce meeting met en exergue l’obéissance de cette « opposition » à Sassou Nguesso dont les principaux acteurs sont tout aussi responsables de l’état calamiteux du pays. Ce que je trouve curieux, c’est l’attitude de cette « opposition » qui adore se prendre au sérieux ; après le faux dialogue qui avait écarté Mme Gnali au poste de vice-présidente au profit de Joseph Miokono Onzila pour préparer le coup d’Etat institutionnel de juillet 2009 ; après la concertation d’Ewo pour avaliser la nomination des députés du PCT par décret pour constituer une Assemblée monocolore, c’est maintenant au tour du dialogue de Dolisie pour divertir les Congolais. C’est quand même une « opposition » curieuse… Comment voulez-vous que la communauté internationale leur donne un quelconque crédit ?
Vous dites si nous y serons ? Le C.D.R.C. est un parti de gouvernement et non un essuie-pieds…
S’agissant des fameux « Etats généraux », j’en ai déjà longuement parlé. J’ai l’impression que Mathias Dzon et ses amis ne connaissent pas l’histoire des Etats Généraux dont la source se trouve en France où le peuple français n’a pas encore fini avec les traumatismes provoqués par la guillotine. A moins qu’ils fassent exprès ou qu’ils jouent le jeu de l’autre en faisant l’autruche. Je répète qu’on ne peut pas les appliquer au Congo car l’histoire des Etats Généraux ne trouve pas sa place. D’ailleurs le PCT vient de leur répondre, le 16 mars dernier, par une fin de non-recevoir cinglante. Si l’on veut parler des Etats Généraux, il faut avant tout faire le tour des Etats au Congo. Combien d’États avons-nous outre celui du Nord-Congo ? Le clergé congolais constitue-t-il un État ? La nomenklatura PCT/RMP est-elle la bourgeoisie du Congo ? Où sont les Tiers-Etats au Congo ? Enfin, ce que nous aurions pu même appeler « L’Etat congolais républicain » n’existe même plus puisqu’il a disparu avec l’avènement au pouvoir de Monsieur Sassou Nguesso à la suite du coup d’Etat du 5 juin 1997.
Voilà pourquoi, j’insiste et persiste que le Congo n’a pas besoin ni des « Etats Généraux » ni de « Dialogue » ni de « Concertation » mais bel et bien d’un Gouvernement d’Union Nationale qui va convoquer une Conférence Nationale nouvelle génération. Pourquoi les gens ont-ils une telle cécité pour ne pas le voir pour ne pas le comprendre ? Monsieur Sassou Nguesso a raison de se plaindre « Pourquoi Dzon joue-t-il au scorpion et la grenouille ? J’ai laissé faire avec ses Ngangoulou. Je lui ai tout donné. Maintenant, il me pique au cou ! »
L.G.: Vous avez dit que le Président de la République devrait, aux termes des conclusions de la Cour Constitutionnelle qui reconnaissent « l’inorganisation, le manque de transparence des élections » dissoudre l’Assemblée nationale. Êtes-vous certain que le Président Sassou Nguesso va le faire ? Enfin pour terminer, quelle est votre vision finalement pour l’avenir, un Etat ou deux Etats ?
M.B.: Je n’ai pas la même lecture que lui sur les institutions. Je me penche du côté où l’Etat doit être garant et non gérant. L’Etat repose sur des institutions fortes qui garantissent la stabilité du pays. La Cour Constitutionnelle est une des institutions qui ne doivent jamais être soumises à un quelconque pouvoir si l’on souhaite que l’Etat soit respecté et que le pays soit stable pour attirer les investissements. Les avis de cette institution qui se veut vénérable ne doivent pas être remises en question par qui que ce soit y compris le Président de la République même si, ici au Congo, son Président a été nommé par décret présidentiel.
Vous comprenez que le fait de ne pas respecter les avis de la Cour Constitutionnelle, de refuser de mettre en place un Gouvernement d’Union Nationale et de conserver un gouvernement prévu pour 100 jours à partir d’août 2009 et un Haut Commandement Militaire à haute teneur clanique font parties des vexations et des frustrations qui nous obligent à dire que le bouchon a été poussé trop loin et il est mieux pour éviter des déchirures atroces que nous nous asseyons pour trouver des solutions idoines.
Depuis longtemps, nous avons insisté que le Congo est notre Pays à nous tous. Nous devons le gérer d’un commun accord pour que cet héritage ne se disloque pas. Pour ce faire, la seule solution est la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale, garant de l’unité nationale pour que chacun d’entre nous se sente rassuré. Ce gouvernement que j’appelle de mes vœux depuis 2008 ne doit gérer que les affaires courantes, notamment le recensement général de la Population et de l’Habitat. Pour les futures élections, le Gouvernement d’Union Nationale doit revoir la loi électorale afin que le nouveau Président de la République soit le Garant de l’Unité du Pays et le gouvernement, un Gouvernement de la République.
Pour la Nouvelle République, nous allons concentrer nos efforts sur l’investissement pour la création des entreprises dans chaque district en fonction des projets productifs pour l’emploi des jeunes. Nous devons sortir de l’économie de rente pour fructifier notre patrimoine national en léguant aux générations futures le produit de nos investissements. Nous privilégierons les négociations avec les partenaires sociaux. Le revenu brut mensuel indiqué est la base de négociation. Quoiqu’il en soit, il nous faut réinitialiser l’ensemble de notre système socio-économique pour que chaque Congolaise et Congolais s’y retrouve.
L’unité du pays constitue notre atout, c’est notre force majeure. Notre population est notre première richesse car nous sommes riches de près de 3,5 millions de Congolaises et de Congolais. Notre jeunesse est l’expression même de cette richesse dès lors qu’on met en place des formations professionnelles adaptées pour qu’elle exprime toutes ses potentialités. Il nous faut aussi associer nos cadres bien formés qui sont disséminés à l’extérieur qu’on appelle diasporas. C’est ensemble que nous devons construire l’Avenir ; cet avenir qui concerne la vie en commun dans l’unité du Pays et la reconnaissance des compétences des uns et des autres. C’est la seule façon d’échapper à l’évènement des deux Etats, celui du Nord-Congo déjà existant qui disloque notre pays et celui du Sud-Congo dont les limites sont certainement à configurer mais non là où le susurre le général Benoît Moundélé-Ngollo !
Propos recueillis par Murielle Ossié
* La Griffe dans son Édition N°166 du 21 au 28 mars 2013 (PP. 3, 8 et 12).