
Congo : Le ministre Alain Akouala et la langue lingala
Dernièrement, le 03 novembre 2024, dans une prestation qu’il avait accordée à AFRIKILI, une chaîne TV en ligne, M. Modeste Boukadia, président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC), pour répondre à une question toujours récurrente du modérateur de la chaîne TV, obligeant M. Boukadia à s’exprimer en lingala, et ce n’était pas la première fois, M. Modeste Boukadia, sans doute excédé par la question, a tout simplement répondu qu’il n’était pas obligé de s’exprimer dans cette langue qu’il considère comme étant la langue des voyous, des voleurs, des violeurs et des criminels au Congo-Brazzaville, compte tenu du comportement et des pratiques politiques des tenants du pouvoir, des locuteurs de cette langue et aussi de leurs écuries comme les Kulunas, les Bébés Noirs, etc., qui sèment la terreur dans tout le pays, surtout dans les grandes agglomérations comme Brazzaville, Pointe-Noire, etc.
Nous n’aurions pas tenu compte, à ce sujet, des élucubrations du Colonel de Police, M. Guy Magloire Mafimba-Motoki, si cela ne s’arrêtait qu’à ce simple imposteur qui se fait passer pour un opposant, alors qu’il émarge toujours dans les effectifs des officiers de Police de la République, jamais radié de la Fonction publique et jouissant toujours de son salaire mensuel. N’étant plus en fonction à Brazzaville depuis de nombreuses années puisqu’ayant élu domicile en France, son absence devait être prise pour un abandon de poste et être considérée comme une désertion.
Le Colonel de Police, Guy-Magloire Mafimba-Motoki, dans un Etat qui applique les lois de la République, aurait déjà été radié des cadres de la Police. Mais il n’est pas viré parce que, sans doute, il est le neveu du Général Emmanuel Ngouelondele, ancien patron des Services de renseignements du Congo, dont le fils, ministre, est également le gendre de M. Sassou Nguesso, président de fait du Congo. Et si, qu’à cela ne tienne, son véritable rôle en France était celui d’espionner les Congolais contre lesquels il dresserait quotidiennement des Fiches à destination des Services habilités à Brazzaville ? D’où sa non radiation.
M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki, dans ce que d’aucuns ont appelé « coup de gueule », nie le fait que le Congo est sous la férule dictature de PCT depuis plus de 50 ans, plus d’un demi-siècle. Il nie, sans sourciller, que tous les malheurs du Congo sont du fait du PCT. Qui donc animent, dirigent le PCT, si ce ne sont les ressortissants du septentrion ?
Aujourd’hui, toutes les administrations civiles et militaires sont entre les mains des Mbochis d’Oyo. M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki nie le fait qu’aujourd’hui, obtenir une Carte nationale d’identité est une sinécure. Quant aux passeports, n’en parlons pas, c’est un luxe. Ils sont mis « en quarantaine » quand ils sont demandés par un ressortissant du sud-Congo, en l’occurrence, un originaire du Pool. Le PCT, sous les ordres de M. Sassou Nguesso et ses inconditionnels, a mis en place, au Congo, un système d’apartheid ethno-tribalo clanique.
Dans sa diatribe du 05/11/2024, M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki accuse M. Modeste Boukadia « d’homme politique irresponsable, sans vision, cynique, qui n’a de cesse d’instrumentaliser la tribu ou l’ethnie aux fins de conserver ou conquérir le pouvoir » (sic). M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki lui attribue la partition du pays, alors qu’en fait, il ne fait que reprendre les propos de M. Théophile Obenga qui avait écrit, dans son livre paru aux Editions L’Harmattan, en 2001 : « Pour le Congo-Brazzaville, Réflexions et Proposition », ce qui suit : « […] A l’issue des hostilités criminelles, si les choses ne sont pas vues de cette manière, on aboutit à la scission, à la partition, à la nation Mbochi, à la nation Téké, à la nation Kongo » (sic).
Alors, M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki, qui de M. Théophile Obenga et de M. Modeste Boukadia avait pensé, le premier, à cette partition du pays que vous collez ou attribuez au président du CDRC, M. Modeste Boukadia ?
M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki s’offusque et taxe M. Modeste Boukadia « d’ethnocentrisme, d’incitation à la haine tribale aux relents génocidaires » (sic). M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki, peut-il se regarder dans la glace ? Comme quoi le subconscient peut parler et pousser un homme à confesser ses péchés. Le tableau ci-dessous n’a pas besoin d’être expliqué ou commenté.

Voici plus de 50 ans que le PCT et surtout le régime de Sassou Nguesso ne fait que commettre des génocides dans ce pays contre les populations civiles du Sud, en l’occurrence dans la région du Pool. Sinon, comment expliquer la sortie de M. Jean-Dominique Okemba ? Par ailleurs, est-ce M. Modeste Boukadia qui était à l’origine des massacres de masse à Owando dans l’affaire du très regretté Pierre Anga ? N’est-ce pas du fait de Sassou Nguesso, une fois de plus ?
A cet effet, M. Guy-Magloire Mafimba-Motoki, peut-il nous expliquer ce que faisait le Vice-Amiral Jean-Dominique Okemba, patron des Services de renseignements du Congo, dans son fief tribal, à Oyo, quand il avait déclaré dans sa langue natale, en langue mbochi : « Nous avons tué et brûlé le Pool, ils n’ont rien fait et le ciel n’est pas tombé » (sic) ?
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Revenons à notre ministre, M. Alain Akouala, qui considère que celui qui refuse de parler lingala est un séparatiste.
D’abord, nous voudrions que le ministre Alain Akouala nous cite une seule région et/ou un seul village du nord-Congo où on ne parle que Lingala, où le patois natal, ancestral, est le Lingala.
Ensuite, le Kituba parlé au sud du Congo est-il imposé et rendu obligatoire dans la partie septentrionale du Congo ? Si non, alors pourquoi le Lingala est-il imposé et doit-il devenir obligatoire dans le sud du Congo ? Est-ce dans le but d’écraser et de coloniser le sud avec cette langue de barbares ? Est-ce en prévision du remplacement de la langue française ?
M. Alain Akouala peut s’offusquer chaque jour, à longueur de journée, mais il sait que c’est le système qui le nourrit, le PCT, qui a mis en place la partition du pays. Il sait que tous les Congolais ne sont pas traités de la même manière, selon qu’on est originaire du Nord ou du Sud du pays et selon qu’on est Mbochi ou pas.
M. Alain Akouala n’ignore pas non plus que la partition se vit quotidiennement. Que dit-il lorsque dans une ville comme Brazzaville, la Mairie centrale ramasse les ordures du centre-ville, des arrondissements Poto-Poto, Ouenze, Moungali, etc., et va les déverser au quartier Kinsoundi, dans l’arrondissement Makélékélé, là où, nous semble-t-il, le pouvoir de Brazzaville considère que les habitants qui y vivent sont des sous-hommes, qu’ils ne sont pas des êtres humains ? Voilà l’APARTHEID ethno-tribalo-clanique. Une vidéo devenue virale circule sur les réseaux sociaux. Quel bel exemple pour mieux mettre à nue la partition !
La séparation ou la partition est effective et palpable au Congo-Brazzaville. Il n’y a qu’à regarder la différence de traitement entre le nord et le sud de Brazzaville. Toutes les richesses sont concentrées dans la partie nord. Il suffit de comparer les photos de la ville d’Oyo à celles des villages pollués du Kouilou, où le pétrole est exploité. Le tribalisme a atteint son apogée avec l’arrivée du PCT en 1968. Et, au lieu de construire un idéal commun et une véritable nation unie, M. Sassou Nguesso a développé le tribalisme. Il en est devenu le Père. Le phénomène de « Yaka noki noki… », suivi des épurations devenues systémiques, en est le premier exemple.
M. Alain Akouala n’ignore pas que le Congo est gouverné à 99%, voici plus de 50 ans, par les ressortissants du septentrion, en majorité par les Mbochis d’Oyo. La composition du parlement congolais au sein duquel tous les membres (députés et sénateurs) sont nommés et en majorité originaires du Nord-Congo, est un autre exemple.
M Alain Akouala n’ignore pas que la banqueroute et l’état de faillite dont souffre le pays est du fait du PCT et du gouvernement composé à 99% de ressortissants du septentrion.
M. Alain Akouala est très mal placé pour donner une leçon de morale ou de probité morale à M. Modeste Boukadia, président du CDRC, qui se bat pour unir le pays divisé par les choix et les pratiques politiques du PCT et M. Sassou Nguesso.
En matière de probité morale, citons cette récente affaire du braquage de 50 milliards de FCFA au domicile de l’ancien Directeur général des Douanes, M. Jean-Alfred Onanga, le voleur volé, victime d’un cambriolage dans son village Boukouele, tout en précisant quand même que les fonds dont il a été soulagé appartenaient à Jean-Jacques Bouya, un autre prédateur du système PCT d’Oyo, membre du clan des Sassou & Nguesso.

Dans sa réaction concernant la langue Lingala qualifiée de langue des voleurs, des violeurs, des criminels, M. Alain Akouala soulève la question des ninjas et de la « gifle de Saint-Michel ». Il pose la question de savoir dans quel patois s’exprimaient-ils ? En guise de réponse, sans défendre les ninjas, nous disons :
1)- La naissance des ninjas était dû à quoi et à qui ?
2)- Le patois parlé par les ninjas n’était pas et n’a jamais été imposé à qui que ce soit, comme le fait le PCT avec le Lingala.
3)- A notre connaissance, les ninjas n’ont jamais débordé les limites du Pool et ne sont jamais allés guerroyer au-delà du Pool, contrairement aux Cobras. Même ce qu’on appelle pompeusement Forces Armées Congolaises sont devenues une milice privée ethno-tribalo-clanique à laquelle on a donné des tenues militaires. Quelle est cette armée dite nationale composée, uniquement, à presque 100%, de membres de même ethnie, de même tribu, de même clan ? Et M. Alain Akouala veut accuser M. Modeste Boukadia de séparatiste. Cet exemple n’est-il pas le reflet de l’apartheid ethno-tribalo-clanique en vigueur et pratiqué dans le pays ? C’est vrai, M. Alain Akouala ne peut pas s’en rendre compte, puisqu’il n’en souffre pas, étant donné que c’est le système dont il est issu qui l’inflige aux autres.
4)- Dans le livre du président Lissouba cité en référence par M. Alain Akouala, il est bien écrit que le problème du Congo, c’est bien Denis Sassou Nguesso.
Où étaient MM. Alain Akouala et Guy-Magloire Mafimba-Motoki quand le PCT et sa milice ethno-tribalo-clanique militarisée avaient envoyé les « ANDZIMBAS » dans le Pool, en 1972 ? Pourquoi ne s’étaient-ils pas offusqués ? Peut-être n’étaient-ils pas encore nés ou que la langue Lingala n’était pas en danger.
Où étaient MM. Alain Akouala et Guy-Magloire Mafimba-Motoki quand on enfermait les disparus du Beach dans des conteneurs entiers jetés dans le fleuve Congo, enterrés et/ou brûlés vivants ? Pourquoi ne les avons-nous pas entendus crier et dire : STOP AUX MASSACRES HUMAINS ? Peut-être, parce que les suppliciés n’étaient pas originaires du septentrion et que la langue Lingala n’était pas menacée.
Enfin, où étaient MM. Alain Akouala et Guy-Magloire Mafimba-Motoki quand, de 1998 à 2018, M. Sassou Nguesso a envoyé les hordes de ses milices ethno-tribalo-claniques baptisées Forces Armées Congolaises, ses Cobras et ses mercenaires angolais et autres pour brûler la région du Pool, rasant et exterminant tout existant ? (Cf. les diverses opérations punitives d’épuration et de purification ethnique dans la région du Pool).
De tout cela, nos deux compatriotes ne se sont émus, considérant simplement que les vies humaines ainsi massacrées, détruites, n’ont aucune importance au regard de la langue Lingala, plus importante.
Oh oui ! Nous l’avons aussi bien compris, cet acharnement du PCT et M. Denis Sassou Nguesso serait-il en prévision du remplacement de la langue française par le Lingala ?
C’est pourquoi, MM. Alain Akouala et Guy-Magloire Mafimba-Motoki, nous vous disons : BRAVO et toutes nos félicitations !
Jean-Claude Mayima-Mbemba
Ancien Rapporteur de la Commission Ad hoc « Assassinats » de la Conférence Nationale Souveraine (1991)
Ancien Représentant Permanent de l’Alliance URD-FDU auprès de l’Union Européenne (1994-1997)
Ancien Représentant Permanent de l’ERDDUN auprès de l’Union Européenne (1998-2005)
