Congo : de 1958 à 2025, une réflexion sur la construction de la nation congolaise

De 1958 à 2025 : Une réflexion sur la construction de la nation congolaise

De l’histoire des nations en devenir ou en construction

De l’histoire des nations en devenir ou en construction, il y a toujours des étapes, parfois difficiles et dramatiques, suivies de périodes de courage et d’espoir, parce qu’il y a eu des femmes et des hommes qui ont montré le chemin. En 1958, la République du Congo naît dans l’espoir de forger une nation unie et prospère. Pourtant, ce chemin a été jalonné de défis et de tournants cruciaux. Comme le résumait Pierre-Mendès France, l’Histoire est malléable dans une certaine mesure : les dirigeants, en interprétant correctement les réalités historiques, peuvent soit accélérer les progrès et alléger les épreuves, soit freiner les avancées et aggraver les crises. Ainsi, les responsables politiques ont un rôle déterminant, pouvant être soit bénéfiques soit nuisibles, dans la formation d’une opinion publique et la gestion des transformations sociales.

Cette réflexion s’applique parfaitement à l’évolution de la nation congolaise. Le rêve des Pères Fondateurs consistait à réaliser une nation forte et unie. Tous ceux qui ont été à la tête de notre République ont laissé des matériaux, utiles ou nuisibles, dont nous devons nous servir pour atteindre cet idéal. De Fulbert Youlou à Denis Sassou Nguesso, en passant par Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi, Joachim Yhomby-Opango, Pascal Lissouba et d’autres, chacun a posé des fondations qui font partie de notre patrimoine. Ces fondations doivent être consolidées pour réaliser l’unité nationale.

Certaines erreurs du passé, telles que les divisions ethniques exacerbées ou les choix économiques inefficaces, ont retardé notre progression. Aujourd’hui, notre mission est de corriger ces écueils en nous appuyant sur des exemples de succès passés, comme les moments de solidarité nationale qui ont permis de surmonter des crises majeures.

Vers une « Nation Pour Tous » : Une vision inclusive

Toutes ces étapes historiques nous mènent aujourd’hui à l’idée d’une « Nation Pour Tous », qui doit se construire par une décentralisation administrative et financière. Chaque région et identité culturelle doit participer à cette consolidation nationale, en valorisant son savoir-faire pour enrichir notre patrimoine commun.

La culture congolaise, somme de nos spécificités régionales et ethniques, doit devenir le fer de lance de notre unité nationale. Pour ce faire, nous devons favoriser l’émergence d’une vision nouvelle, fondée sur la confiance, la responsabilité et des actions concrètes. Ainsi, le sentiment tribal s’atténuera peu à peu, car chaque citoyen se sentira concerné par le processus de construction nationale, grâce à une politique de proximité permettant à chacun de se faire entendre, notamment par le vote et le choix de représentants locaux, tels que les gouverneurs.

Les réformes doivent s’inspirer des modèles réussis de décentralisation observés dans d’autres pays africains, comme le Sénégal où la gestion locale a permis d’accélérer le développement et de réduire les inégalités régionales.

La décentralisation administrative et financière : Un levier pour la prospérité

La politique de proximité que nous proposons au peuple congolais aura pour effet de :

  • Tourner définitivement la page de l’errance économique en créant un marché intérieur basé sur la production locale, afin de remplacer les importations par des biens produits par nos populations régionales. Cela permettra de créer une richesse nationale durable.
  • Rebâtir l’État en le positionnant comme le premier investisseur dans les secteurs-clés. Cet engagement renforcera le marché intérieur sur toute l’étendue de la République.

Pour réaliser ces objectifs, il est nécessaire que les acteurs politiques adoptent le principe de négociation et de compromis. L’histoire montre que la violence comme outil politique ne mène qu’au chaos et au désordre. Or, le peuple congolais a besoin de tranquillité publique et le pays de stabilité – deux éléments essentiels pour retrouver sa grandeur d’antan.

Un héritage pour guider nos pas

Plus que jamais et j’insiste, nous devons puiser notre inspiration dans l’héritage de nos Pères Fondateurs – Fulbert Youlou, Jacques Opangault, Robert Stéphane Tchitchéllé, Simon-Pierre Kikhounga-Ngot, Jean-Félix Tchicaya et bien d’autres. Leur vision d’unité et de progrès doit continuer à guider nos pas jusqu’à l’union nationale, base indispensable d’une « Nation Pour Tous ».

Toutefois, cet héritage ne doit pas être vénéré passivement. Il doit être réinterprété à la lumière des défis actuels, comme l’éducation pour tous, la formation professionnelle, l’accès aux nouvelles technologies ou encore la lutte contre le changement climatique sans oublier l’accès à l’eau et à l’électricité sans lequel il n’y a point de création d’entreprises. Ces objectifs modernes exigent de chacun un engagement ferme et un sens profond des responsabilités.

Ensemble, travaillons à rendre l’avenir digne d’un pays moderne, avec une vision commune et des actions concrètes pour transformer nos rêves en réalités. Il est vain de dire « Youlou, Massamba-Débat, Ngouabi, Sassou Nguesso, Yhomby-Opango, Lissouba ont fait ceci ou cela », nous devons sortir du fatalisme, des récriminations et des regrets mais nous devons bâtir une « Nation Pour Tous » qui est une tâche exigeante, mais elle est à notre portée si nous agissons dans l’unité et la solidarité. Chaque citoyen, chaque institution a un rôle à jouer dans cette grande aventure qui nous appelle. Ensemble, réalisons le rêve d’une République unie, prospère pour fructifier l’héritage que nous avons reçu de nos Pères Fondateurs.

Modeste Boukadia
Le 05 janvier 2025

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