
Bilan Présidence Congo : 41 ans de présidence, soit trois générations
Une exigence comme moteur de l’excellence
Monsieur Sassou Nguesso,
À l’évocation de ma personnalité, certains murmurent : « Il est suffisant, arrogant et imbu de lui-même. » Pourtant, est-ce réellement le cas ? Je ne pense pas. Et si c’était simplement de l’exigence, et cette exigence est une vertu. C’est la qualité qu’un père ou une mère inculque à leurs enfants pour qu’ils deviennent des adultes respectables. Cette valeur m’a été également enseignée par des figures inspirantes telles que les RP Lefranc, Djonne et Wetzel, ainsi que l’évêque André Lhote.
Aujourd’hui, plus que jamais, le Congo a besoin de cette exigence et de cette excellence pour bâtir un avenir meilleur.
Trois générations de pouvoir : quel bilan ?
Cependant, après 41 ans de pouvoir – soit trois générations – il est légitime de s’interroger : quel est le bilan ?
Vous avez exercé la présidence de 1979 à 1992, soit 13 ans, correspondant à une génération. Vous avez ensuite repris le pouvoir en 1997 et vous y êtes resté jusqu’à aujourd’hui, en 2025 – 28 ans supplémentaires, représentant deux générations. En tout, vous totalisez 41 ans à la tête du pays.
Pour ces trois générations, Monsieur Sassou Nguesso, quel toit avez-vous construit pour les Congolais ? Chaque père de famille aspire à offrir un toit à sa descendance. Quelles routes, quels chemins de fer reliant Pointe-Noire à Impfondo, Ouesso, Owando ou Boundji ou encore Gamboma avez-vous réalisés ? En dehors de l’aéroport d’Ollombo et d’un port sur les bords de l’Alima, souvent tournés en dérision pour leur faible productivité, quelles infrastructures marquantes avez-vous réalisées ?
Une société divisée et des maux profonds
Quelle mutation de la population divisée par le tribalisme a été initiée pour transformer cette division en une cohésion citoyenne ? Quelle aspiration nationale avez-vous éveillée au-delà des slogans éphémères du PCT ? Quelle conquête, Monsieur Sassou Nguesso, le Congo peut-il revendiquer sous votre leadership ?
Chaque région du Congo porte en elle le souvenir de disparus et de morts, car tous, nous avons nos morts. Et ces morts étaient des Congolais.
Plus grave encore, une dérive sociétale s’est installée. Aujourd’hui, des Congolais osent dire que « les jeunes filles de 18 ans sont devenues de vieilles femmes », une norme dévoyée qui sous-entend un glissement vers des pratiques répréhensibles. Pourtant, à 18 ans, on est en âge de voter, non de subir de tels abus.
Le clan Sassou Nguesso et la responsabilité collective
Quant au clan Sassou Nguesso, il est évident que la famille doit rester sacrée et respectable. Si le clan a été impliqué dans des responsabilités collectives, c’est avant tout par obéissance aux traditions africaines et à l’autorité du patriarche. Il est nécessaire de tirer les leçons de cette histoire pour que plus jamais un chef de clan n’entraîne sa famille dans des responsabilités qui la compromettent.
La responsabilité nationale avant tout
Enfin, je veux croire que le trafic de faux billets récemment démantelé par la gendarmerie congolaise n’a aucun lien avec vous, mais est l’œuvre de personnes exploitant votre nom. Je l’espère sincèrement.
Ce tableau, Monsieur Sassou Nguesso, n’est ni la faute des États-Unis, ni celle de l’Europe, de la France, de la Russie, de la Chine, de l’Arabie Saoudite, d’Israël ou d’un quelconque pays africain. La responsabilité nous incombe, à nous Congolais, qui n’avons pas su labourer notre champ et offrir un bon gouvernement à notre pays.
Tourner la page pour un avenir meilleur
Voilà votre bilan : des faits, rien que des faits que les Congolais vivent, constatent et dont ils aspirent à se libérer pour construire un autre Congo.
Monsieur Sassou Nguesso, croyez-vous encore pouvoir redresser cette situation pour offrir cet autre Congo ? J’en doute.
Je ne vous fais ni procès ni blâme. Je dis simplement que nous devons tourner cette page – un rêve cauchemardesque – pour atteindre l’autre rive : celle où nous offrirons un toit à nos enfants, des routes et des chemins de fer pour relier nos régions, des terres cultivées pour nourrir notre peuple, et des structures de santé pour soigner nos concitoyens. Nous devons solliciter nos cours d’eau pour avoir l’eau potable dans les robinets et de l’électricité. Nous devons donner à nos forces de souveraineté les moyens d’assurer la sécurité sans que nos populations ne craignent leurs propres militaires.
La voie de la transition apaisée
Monsieur Sassou Nguesso, vous savez que l’élection présidentielle de 2026 n’est pas la solution qui a été envisagée à Paris, comme cela a été rappelé par les États-Unis d’Amérique et par la France. La voie est celle d’une transition politique apaisée, à travers un compromis historique entre le PCT et toute l’opposition. Le peuple congolais aspire à un autre mode de gouvernance pour réaliser ce Congo de l’union nationale que Fulbert Youlou, Jacques Opangault, Robert Stéphane Tchitchéllé, Simon-Pierre Kikhounga-Ngot, Jean-Félix Tchicaya, et bien d’autres, ont imaginé.
Un appel au sacrifice pour la paix durable
Que les morts du Congo apaisent nos rancœurs pour éviter des dénouements tragiques. Faut-il arriver au même sacrifice suprême que le Commandant Marien Ngouabi pour asseoir une paix durable ? Cela est-il vraiment nécessaire pour prétendre « sortir avec les armes à la main pour être un homme » alors que le Congo a besoin d’avoir enfin un ancien président en vie auprès de qui aller solliciter des avis ?
Modeste Boukadia
Le 16 janvier 2025

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