
Monsieur le ministre de l’Intérieur, Raymond Zéphyrin Mboulou,
Combien de fois avez-vous été déclaré à votre naissance et tout au long de votre vie ? Cette question, qui pourrait sembler anodine, vous concerne directement, car à chaque élection présidentielle prétendument organisée, vous publiez inlassablement le même communiqué rappelant la conformité des partis politiques. Comme si vous deviez sans cesse justifier votre propre acte de naissance ! Quand on est né, on l’est une fois pour toutes.
N’est-ce pas là une stratégie pour museler toute opposition et maintenir un paysage politique sous contrôle total ? Pendant que vous imposez aux partis politiques des règles strictes, le PCT, lui, continue d’exister en violation flagrante de ces mêmes exigences. Son siège, construit avec des fonds publics, est un bien mal acquis qui devra être nationalisé, tout comme les richesses accumulées par ses membres grâce au pillage systématique de l’État. Ces détournements ne sont pas de simples abus : ils constituent une entreprise criminelle de pillage organisé, dont les responsables devront un jour répondre devant la justice. Comme les crimes de sang, ces crimes économiques ne sauraient être prescriptibles.
Avez-vous oublié que votre mission première en tant que ministre de l’Intérieur est d’assurer la sécurité des Congolais ? Depuis des années, l’appareil sécuritaire est utilisé pour réprimer et terroriser au lieu de protéger. Comment expliquez-vous alors que des citoyens aient été pris pour cibles au commissariat de Mikalou ? Votre directeur général de la police, Jean-François Ndenguet, n’a-t-il pas publiquement menacé des Congolais en raison de leur appartenance ethnique, affirmant, je cite : « Vous, les Bakongo, vous voulez gêner notre pouvoir… Vous allez voir comment on va vous traiter ! » Depuis ces actes ignobles, quelles mesures ont été prises contre les responsables de ces menaces et exactions ? Aucune.
Si j’étais à votre place, je cesserais ces manœuvres inutiles et me consacrerais à l’urgence du moment : garantir la sécurité des Congolais.
Comment ne pas comprendre Denis Sassou Nguesso lorsqu’il déclarait à Moncton, au Canada, en 1999, lors du sommet de la Francophonie : « Tous les cadavres dans mon placard ne sont pas les miens. »
En effet, à Mikalou, lorsque Jean-François Ndenguet ordonnait l’exécution de Lari sous prétexte qu’ils étaient des ninjas, des officiers Tékés ont eu le courage de s’y opposer, affirmant, je cite : « Si le président l’apprend, il va nous tuer… ». Grâce à leur intervention, de nombreux jeunes hommes ont échappé à une mort certaine. Comme quoi, il est toujours possible de refuser de commettre des crimes. La Croix-Rouge a confirmé ces faits.
C’est pourquoi j’exige que vous diligentiez une enquête sur ces exactions, qui illustrent la politique de terreur instaurée par le PCT. Il est temps d’assumer vos responsabilités au lieu de détourner l’attention vers de faux problèmes.
Par ailleurs, il est impératif d’apaiser les tensions et de restaurer une véritable justice. Cela passe par la révision du procès du commandant Marien Ngouabi. Ce procès, fondé sur des accusations biaisées, a mené à la stigmatisation des Bakongo, injustement accusés d’avoir assassiné le président Marien Ngouabi. Tant que ce contentieux ne sera pas soldé, comment prétendre à une unité nationale ?
Il est également urgent d’ouvrir le procès de l’assassinat du cardinal Émile Biayenda et de faire toute la lumière sur la disparition d’Alphonse Massamba-Débat. Car sinon, chaque nouvelle génération portera le poids de ce passé empoisonné : les Bakongo comme « assassins de Marien Ngouabi », et les Mbossi, Koyo, Makoua, Beti et autres peuples du Nord comme « assassins du cardinal Biayenda et de Massamba-Débat, et destructeurs du Congo ».
Sans vérité et sans justice, comment espérer une réconciliation sincère et durable entre les peuples du Congo ? Tant que ces accusations ne seront pas démontées ou assumées, comment espérer une véritable cohésion nationale ?
Modeste Boukadia – Le 06 mars 2025
Président du Cercle des Démocrates et Républicains (CDRC)
Parti politique enregistré officiellement, le 10 Maris 1998 sous N° 002/MISAT-CAB-DGAT-SAAB
Au ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de l’Administration du Territoire
