L’Esclavage Volontaire des Congolais sous le Régime de Denis Sassou Nguesso : Une Analyse

L’Esclavage Volontaire des Congolais sous le Régime de Denis Sassou Nguesso : Une Analyse

Le concept d’esclavage volontaire, théorisé par Étienne de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, décrit une situation où un peuple, bien que numériquement supérieur à son oppresseur, accepte sa domination et participe même à son maintien. Cette analyse trouve un écho troublant dans la réalité du Congo-Brazzaville sous Denis Sassou Nguesso. Depuis des décennies, une partie des Congolais continue de soutenir, justifier ou ignorer la tyrannie qui les opprime. Comment expliquer cet attachement paradoxal à un régime qui appauvrit, réprime et prive de libertés fondamentales ?

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1. L’Institutionnalisation de la Peur et du Paternalisme

L’un des piliers de l’esclavage volontaire est la peur comme outil de contrôle. Depuis son retour au pouvoir en 1997, Denis Sassou Nguesso a structuré un État où la répression est omniprésente :

            • Les services de renseignement et la police surveillent et intimident les opposants.

            • Les arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires rappellent aux citoyens qu’il est dangereux de remettre en question le pouvoir.

            • Les massacres et guerres civiles orchestrées par le régime ont créé un traumatisme collectif, où la population préfère l’immobilisme à l’affrontement.

En parallèle, Sassou Nguesso s’est érigé en “père de la nation”, utilisant la propagande pour faire croire qu’il est le seul garant de la paix et de l’unité nationale. Cette stratégie infantilise le peuple, qui devient dépendant du pouvoir, même dans sa propre oppression.

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2. La Corruption et l’Achat des Consciences : Le Syndrome du “Petit Intérêt”

L’un des aspects majeurs de l’esclavage volontaire au Congo est la participation active d’une partie de la population à son propre asservissement en échange de privilèges minimes. Ce phénomène repose sur trois dynamiques :

            • Clientélisme et népotisme : L’État fonctionne comme un réseau de faveurs. Ceux qui soutiennent le régime peuvent espérer un emploi, une promotion ou un contrat, tandis que les opposants sont écartés.

            • Corruption quotidienne : La misère pousse les citoyens à accepter le système en place, car il offre des opportunités de survie (pots-de-vin, détournements, petits privilèges).

            • “Mieux vaut lui que le chaos” : Certains soutiennent Sassou Nguesso non pas par adhésion, mais par résignation, croyant qu’un changement de régime mènerait à l’anarchie.

Ainsi, un peuple appauvri, privé d’éducation et dépendant économiquement du régime, devient son propre gardien, dénonçant les contestataires et contribuant à l’éternisation du pouvoir.

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3. La Normalisation de la Souffrance : Une Culture de la Résignation

La propagande du régime a réussi à ancrer dans les esprits que la pauvreté et l’injustice sont inévitables, voire naturelles. Des expressions comme “on va faire comment ?” ou “c’est comme ça le Congo” traduisent une acceptation fataliste de la misère et de la dictature.

De plus, l’absence de révolte généralisée est entretenue par :

            • L’abrutissement collectif : Une éducation défaillante et des médias contrôlés empêchent le développement d’un esprit critique.

            • Le tribalisme politique : Plutôt que de s’unir pour un changement, les Congolais sont divisés en factions ethniques qui s’affrontent, affaiblissant toute contestation collective.

            • La fuite plutôt que la lutte : Face à l’oppression, de nombreux Congolais préfèrent l’exil à l’engagement politique, vidant le pays de ses forces vives.

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4. Comment Rompre avec l’Esclavage Volontaire ?

Pour mettre fin à cette servitude auto-imposée, plusieurs leviers sont nécessaires :

            • Prise de conscience collective : Comprendre que Sassou Nguesso n’a de pouvoir que parce que le peuple le lui permet.

            • Révolution culturelle et éducative : Un peuple informé et formé est plus difficile à manipuler.

            • Désobéissance civile massive : Refuser de collaborer avec le régime, boycotter ses institutions, et briser le cercle vicieux du clientélisme.

            • Unification des forces opposées : Au-delà des clivages ethniques et partisans, une opposition forte et structurée doit émerger.

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Conclusion : De la Servitude à la Libération

Le régime de Denis Sassou Nguesso ne tient pas uniquement par la force, mais aussi grâce à la complicité passive et active d’une partie du peuple congolais. L’esclavage volontaire est un phénomène insidieux, car il repose sur la peur, la corruption et l’acceptation de la souffrance comme norme. Cependant, l’histoire montre que tout pouvoir repose sur l’obéissance des masses. Si les Congolais cessent de nourrir ce système, il s’effondrera de lui-même.

Le choix appartient au peuple : continuer à vivre sous le joug du tyran ou briser ses chaînes et reconquérir sa liberté.

Tom Melvin BAIKI – Le 25 mars 2025 / Publié sur le site le 27/03/2025

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