
Le pouvoir de Denis Sassou Nguesso : le dernier empire en déclin
Le régime de Denis Sassou Nguesso, à la tête du Congo-Brazzaville depuis plus de 40 ans (interrompu brièvement entre 1992 et 1997), représente aujourd’hui ce que l’on pourrait appeler le dernier empire d’Afrique centrale encore debout, mais qui vacille sur ses fondements. Loin de l’image de stabilité que le pouvoir tente de projeter, le Congo traverse une crise profonde, tant sur le plan économique, social que moral.
1. Un empire mûr, à bout de souffle
Comme tout empire ayant dépassé sa période de gloire, le système Sassou Nguesso est devenu rigide, replié sur lui-même et dominé par une élite déconnectée des réalités du pays. Le pouvoir repose essentiellement sur :
• Un clan familial hyper-concentré autour des ressources de l’État.
• Une administration figée, sans innovation ni rajeunissement.
• Une économie dépendante de la rente pétrolière, sans diversification.
Ce modèle, s’il a pu perdurer grâce à une certaine stabilité factice et à l’endettement massif, ne répond plus aux besoins d’une jeunesse nombreuse, connectée et aspirant à autre chose que la survie.
2. Un bilan lourd et sans perspective
Le bilan de plusieurs décennies de pouvoir est accablant :
• Une dette publique abyssale, avoisinant 110 % du PIB.
• Un système éducatif sinistré et une jeunesse sans espoir d’insertion.
• Un chômage structurel massif.
• Des services de santé en ruine.
• Une corruption systémique érigée en mode de gouvernance.
Les Congolais, et en particulier la jeunesse, n’attendent plus rien de ce régime. Ils ne croient plus aux discours ni aux promesses. Le pouvoir semble s’adresser à un pays imaginaire, alors que la population vit dans une réalité d’abandon.
3. Une jeunesse sans futur, prête à rompre
La jeunesse congolaise est aujourd’hui le cœur battant du changement. Elle ne veut plus de clientélisme, ni d’héritage politique. Elle revendique :
• Une gouvernance transparente et participative.
• L’égalité des chances.
• L’emploi, l’éducation, la santé, et l’accès aux nouvelles technologies.
• Une justice équitable et indépendante.
• Un avenir dans leur pays, pas dans l’exil.
Ce décalage profond entre les aspirations de la jeunesse et l’immobilisme du pouvoir crée une tension structurelle qui ne peut que déboucher, tôt ou tard, sur une rupture historique.
4. L’empire s’écroule, mais l’histoire s’écrit
Le pouvoir de Denis Sassou Nguesso est en train de s’écrouler non pas par un coup de force extérieur, mais par l’usure du temps, la maturité du peuple et le rejet de sa propre base. C’est l’effet logique d’un cycle de pouvoir trop long, incapable de se réinventer ou de transmettre le flambeau.
L’Histoire enseigne que les empires ne tombent jamais brutalement ; ils se désagrègent de l’intérieur avant de céder sous leur propre poids. Ce que vit aujourd’hui le Congo-Brazzaville, c’est ce moment crucial : la fin d’un cycle.
Denis Sassou Nguesso incarne le dernier bastion d’un système ancien, aujourd’hui rejeté par une jeunesse qui ne demande qu’à construire. Le Congo n’a pas besoin d’un empire, mais d’un État moderne, inclusif, et tourné vers l’avenir. L’espoir renaîtra du peuple, pas du sommet. L’heure est venue d’écouter cette voix silencieuse qui monte des quartiers, des écoles, des marchés : « Nous voulons vivre. »
Tom Melvin BAIKI – Le 09 avril 2025
