
Retraits militaires et réveils africains : La France à l’épreuve de son héritage colonial
Par Jawad Salmane, General Manager JS Capital Growth Partners SA. – Investment Fund UBS -LUXEMBOURG – CFO – DGM ABRAHAM’S & INDUSTRY (USA)
La France, ancienne puissance coloniale, se trouve aujourd’hui confrontée à un paradoxe troublant : alors qu’elle a longtemps considéré l’Afrique comme son pré carré, la dynamique géopolitique actuelle remet en question cette vision. Pourquoi la France s’est-elle endormie sur sa politique africaine pendant un siècle ? Pourquoi ne semble-t-elle pas préparée aux bouleversements qui secouent le continent aujourd’hui ?
Ce retrait militaire progressif, amorcé au Sénégal après celui d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, interroge non seulement la place du Maroc, mais aussi l’avenir des relations franco-africaines. Pendant que la France se retire, l’Amérique s’installe pour récupérer cette place vacante. Quelles en seront les conséquences ?
Une politique d’un siècle qui s’effrite
La France a longtemps exercé une influence sans partage en Afrique, s’appuyant sur des liens historiques, économiques et culturels. Pourtant, cette politique, souvent empreinte d’un égoïsme démesuré, semble aujourd’hui avoir atteint ses limites. Les peuples d’Afrique, lassés d’une coopération paternaliste d’apparence, aspirent à une véritable autonomie. Mais alors que la France s’éclipse, l’Amérique s’installe, promettant des investissements et des partenariats. La question se pose : ces promesses sont-elles réellement altruistes ou cachent-elles des enjeux politiques plus sinistres ? Les Africains doivent-ils se laisser séduire par ces mirages, ou doivent-ils prendre leur destin en mains ?
Mes chers lecteurs, si j’avais le pouvoir de réveiller nos ancêtres les plus illettrés, je parie qu’ils nous balanceraient la réponse la plus brillante avec un clin d’œil et un sourire ! Qui aurait cru qu’ils avaient autant de sagesse, même en dormant ?
Un retrait militaire aux conséquences sociales
Le départ des troupes françaises du Sénégal, à l’instar de celui d’autres pays comme le Mali ou le Niger, n’est pas qu’une simple opération militaire. Il s’accompagne de conséquences sociales significatives, comme le licenciement des employés sénégalais des Éléments français au Sénégal (EFS). Ce geste est symptomatique d’une rupture, d’une volonté d’affirmer la souveraineté nationale face à une présence historique devenue encombrante. Ce retrait est-il un point de départ vers une nouvelle ère de coopération bilatérale, ou un signe de désengagement français face à la montée des tensions ?
Le rôle du Maroc dans cette nouvelle dynamique
Au cœur de cette réorganisation, le Maroc se positionne comme un acteur clé. Sa diplomatie proactive et son engagement à renforcer les liens avec le reste du continent en font un modèle à suivre. Quelles leçons la France pourrait-elle tirer de l’approche marocaine ? Le royaume chérifien pourrait-il servir de pont entre l’Hexagone et le continent africain, redéfinissant ainsi les relations dans un cadre de respect mutuel et de coopération équitable ? Cependant, alors que les nations africaines se réveillent, la question demeure : la maison africaine a-t-elle une porte et un verrou, ou est-elle condamnée à laisser entrer n’importe quel opportuniste ?
Vers une redéfinition des relations franco-africaines
Les retraits militaires de France en Afrique de l’Ouest soulèvent des interrogations sur l’avenir des relations franco-africaines. À une époque où la « chasse au trésor » se déroule ailleurs dans le monde — que ce soit pour les ressources chinoises, russes ou françaises — l’Amérique, colonialiste à sa manière, vient jouer son rôle. Les promesses d’aide peuvent-elles vraiment être dignes de confiance, ou sont-elles simplement des outils pour exercer une pression politique sur des nations fragiles ? Les Africains doivent-ils se laisser séduire par ces fantaisies, ou doivent-ils se lever et revendiquer leur propre destin ?
Revendiquer, c’est placer la patrie et l’intérêt général au sommet de nos priorités, car il est d’une grande sagesse de bâtir ensemble un avenir solide plutôt que de s’égarer dans l’égoïsme. Comme le dit le dicton, « L’union pour le bien commun est la clé qui ouvre les portes d’une patrie prospère. »
La France se retrouve à la croisée des chemins dans ses relations avec l’Afrique. Ce retrait militaire récent, bien que nécessaire, doit s’accompagner d’un changement de paradigme profond. Une France prête à engager un dialogue respectueux et mutuellement bénéfique pourrait devenir l’alliée dont le continent a besoin. Mais alors que l’Amérique fait son retour en Afrique, n’oublions pas que toute reconstruction sans la voix du peuple africain et sans les représentants de la société civile sera vouée à l’échec.
« À travers notre journal, Maroc, je m’exprime haut et fort. » Réveillons-nous, frères africains ! Prenons notre destin en mains et ne nous laissons pas séduire par des promesses douteuses. L’avenir des relations franco-africaines dépend de notre capacité à nous réinventer et à construire un futur commun sur des bases solides et respectueuses.
Jawad Salmane
