
TRIBUNE | Armée congolaise : silence coupable, fidélité criminelle
Par Modeste Boukadia, Président du parti Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC) – Le 2/06/2025
Massacres, répression, élections truquées : pendant que le peuple congolais souffre, l’armée garde le silence. Un silence coupable. Une fidélité criminelle. Dans cette tribune, Modeste Boukadia accuse les Forces armées congolaises d’avoir trahi la République pour servir un clan. Et pose une question radicale : une telle armée mérite-t-elle encore d’exister après Sassou ? (Service Presse CDRC)
Cinquante années de pouvoir sans coup d’État. Un demi-siècle d’omerta militaire, de compromissions politiques et de fidélité à un homme plutôt qu’à une nation. Voilà le bilan. Et l’état du Congo parle de lui-même : ruiné, humilié, bâillonné. Pendant ce temps, les armes – censées défendre la République – se sont tues, ou pire, ont parlé et vont encore parler contre le peuple.
Denis Sassou Nguesso, chef incontesté d’un régime sclérosé, n’a jamais caché ses appuis extérieurs. « Ce que je fais, c’est la France qui me le demande », osait-il déclarer. Pourtant, lors de sa récente visite d’État à Paris, le président Emmanuel Macron, face à lui, a balayé toute responsabilité de la France dans la descente aux enfers du Congo. Le parrain de toujours prend désormais la distance. À qui donc, cette fois, Sassou Nguesso attribuera-t-il les crimes et la mauvaise gouvernance de son régime ? À ses ministres corrompus ? À son peuple qu’il accuse de tous les maux ? Ou à ces officiers qui, dans leur silence, ont troqué la loyauté républicaine contre une allégeance clanique ?
On aurait pu croire que l’armée congolaise, forte de son passé, aurait su préserver une éthique. L’histoire nous rappelle qu’en 1963, sous la présidence Fulbert Youlou, des officiers tels que Félix Mouzabakani et David Moutsaka ont refusé d’écraser le soulèvement populaire. Ils ont laissé les voix s’élever, la rue gronder. Et même si le prétexte « Youlou a tout volé ! » pour écarter Youlou était contestable, la transition s’est faite sans bain de sang. Parce que des hommes en uniforme ont su choisir la nation plutôt que l’ambition.
Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les officiers se taisent. Ils détournent les yeux, obéissent en silence, protègent un régime qui assassine son peuple à petit feu. Il ne s’agit plus de discipline, mais de complicité. Pas un mot face aux massacres. Pas un geste face à la misère imposée. C’est une trahison. Une honte militaire. Un effondrement moral.
Alors posons les vraies questions : Sommes-nous encore en République, ou vivons-nous dans une caserne livrée à un clan ? Peut-on encore parler de Forces armées congolaises quand ces dernières ne défendent ni la Constitution, ni le peuple, mais un homme et son cercle fermé ?
Et surtout : ces forces armées, si elles persistent dans ce rôle de milice au service d’un tyran, méritent-elles encore d’exister après Sassou Nguesso ? Car l’heure approche. Le peuple refuse de participer à de nouvelles mascarades électorales. Et l’histoire jugera sévèrement ceux qui auront tiré sur leur propre nation pour prolonger l’agonie d’un pouvoir illégitime.
L’armée doit choisir : défendre la République ou sombrer avec le régime. Il est encore temps, pour ceux qui portent l’uniforme, de rompre avec cette fidélité criminelle. Car dans l’avenir que nous bâtirons, il n’y aura pas de place pour les complices du silence.
Modeste Boukadia,
Président du parti Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)

Ping : Le Congo n’a pas d’armée – Cercle des Démocrates et Républicains du Congo