TRIBUNE | Le désaveu d’Isidore Mvouba en Côte d’Ivoire : un signal fort contre l’agonie du régime de Brazzaville

TRIBUNE | Le désaveu d’Isidore Mvouba en Côte d’Ivoire : un signal fort contre l’agonie du régime de Brazzaville
Par Modeste Boukadia – Le 01 juillet 2025 – 17h53

En Côte d’Ivoire, la scène a été aussi inédite que révélatrice : des députés de l’opposition ont quitté l’Assemblée nationale pour protester contre la présence d’Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale du Congo-Brazzaville. Ce geste diplomatique fort sonne comme un désaveu direct envers le régime de Denis Sassou Nguesso. À travers cet événement symbolique, c’est un nouveau signal d’alarme qui retentit pour un pouvoir à bout de souffle. L’Afrique change. Et le Congo doit impérativement prendre un nouveau départ.

Il fut un temps où la Côte d’Ivoire et le Congo-Brazzaville incarnaient une forme d’avant-garde politique en Afrique francophone. Félix Houphouët-Boigny et Fulbert Youlou, figures du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), étaient unis par une amitié politique sincère, une ambition partagée, et une rivalité positive : faire de leurs pays des modèles de développement, les « Frances » d’Afrique.

Mais le temps des bâtisseurs a laissé place à celui des usurpateurs. Entre Alassane Ouattara et Denis Sassou Nguesso, le lien n’est plus celui d’un rêve commun pour leurs peuples, mais d’un cynisme politique assumé. Il suffit de se rappeler cette scène lunaire où Ouattara, avec une révérence déplacée, qualifie Sassou Nguesso « d’Empereur », saluant plus la longévité autoritaire que le bilan.

Et pourtant, même cet équilibre de complaisance vacille.

Lors de sa visite officielle à Abidjan, Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale congolaise et fidèle parmi les fidèles du régime – celui qui n’hésite pas à dire que « le sang qui coule dans mes veines est celui de Denis Sassou Nguesso » – a été publiquement désavoué : les députés de l’opposition ivoirienne ont quitté la salle en plein discours. Un geste rare, lourd de sens, qui révèle une vérité devenue évidente : le Congo de Sassou Nguesso ne suscite plus ni respect, ni solidarité sur le continent.

Les conséquences de cette humiliation diplomatique ne se sont pas fait attendre. Dans un réflexe de repli autoritaire, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a signé une circulaire (N° 250001/PM-CAB)1 suspendant tous les déplacements à l’étranger des membres du gouvernement et autres hauts responsables – à l’exception de Denis Sassou Nguesso lui-même – jusqu’à fin 2025. Une décision inédite, qui traduit non seulement la panique du pouvoir, mais aussi son isolement grandissant.

Ce repli n’est pas un signe de force, mais la manifestation d’un pouvoir acculé, incapable de justifier ses échecs à l’intérieur comme à l’extérieur, préférant fermer les portes plutôt que d’ouvrir les voies du dialogue et de la réforme.

Ce rejet fait écho à d’autres signaux d’alerte. Déjà, la France avait mis en garde Sassou Nguesso : « Cette fois-ci, vous n’allez pas vous cacher derrière la France. » Quant aux États-Unis, sous Donald Trump, ils posaient une question brutale : « Y a-t-il des hommes ou des animaux qui habitent le Congo ? », avant d’inscrire le pays sur la liste noire des États à risque terroriste.

Le point de non-retour a été franchi lors du dernier Sommet USA-Afrique à Luanda, où le Congo fut exclu, malgré sa proximité géographique. À quelques kilomètres du Palais de Mpila, le régime se trouvait déjà en dehors du jeu diplomatique.

Ce qui se passe aujourd’hui à Brazzaville, ce n’est pas seulement la fin d’un cycle, c’est l’agonie d’un régime.

Face à cette déliquescence, la Transition Politique Structurelle Apaisée (TPSA) apparaît comme la seule voie crédible et salutaire. Elle permettra de restaurer l’État, de redonner confiance à la population, et surtout d’ouvrir des perspectives à la jeunesse congolaise.

Il est temps de rompre avec le cycle infernal de l’exil économique. Cela passe par une politique de désimmigration, adossée à un vaste plan de création d’entreprises, de formation professionnelle adaptée, et à une décentralisation administrative et financière des régions, qui doivent devenir les berceaux du développement local et des emplois durables.

L’Afrique bouge. Les peuples s’éveillent. Les régimes figés dans la peur et le mépris sont appelés à disparaître.

Il appartient au peuple congolais de prendre en main son destin, pour que le Congo ne reste pas une terre humiliée, mais devienne une nation debout, réconciliée avec elle-même, tournée vers l’avenir.

Modeste Boukadia

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