Stratégie de sortie honorable et de réconciliation nationale : Pour un Congo uni et apaisé

Stratégie de sortie honorable et de réconciliation nationale : Pour un Congo uni et apaisé
Par Tom Melvin BAIKI – Le 01/06/2025

Préambule / Introduction

En tant que Nordiste, je reconnais ma part de responsabilité dans la situation actuelle du Congo. Je comprends qu’historiquement, le Nord a détenu les rênes du pouvoir, souvent au nom de la stabilité, mais parfois au détriment de l’unité nationale. Aujourd’hui, je crois que ma responsabilité – et celle de chaque Nordiste – est de dire : assez ! Le temps est venu d’ouvrir la voie à une transition pacifique et à une réconciliation qui dépasse nos origines régionales.

Cette proposition stratégique que je soumets ici est donc à la fois un engagement personnel et un appel à la conscience collective. Elle ne vise pas à accabler ou à juger, mais à réaffirmer un devoir de vérité et de patriotisme pour un avenir meilleur pour tous les Congolais.

Proposition stratégique pour la sortie honorable de Sassou Nguesso et la réconciliation nationale

Reconnaître la nécessité d’un passage de témoin historique

Les Nordistes, historiquement au pouvoir depuis plusieurs décennies, portent une responsabilité particulière dans l’avenir du Congo. Il s’agit non pas de conserver le pouvoir pour le Nord, mais de reconnaître que ce leadership peut encore servir la nation – en menant une sortie honorable pour Denis Sassou Nguesso. Cette sortie, par la grande porte, ne serait pas un reniement de son héritage mais au contraire un acte de courage politique : elle marquerait la fin d’un cycle et l’ouverture d’une ère de réconciliation.

Il est crucial de dire aussi que ceux qui poussent Denis Sassou Nguesso à briguer un autre mandat en mars 2026 ne cherchent pas à le protéger, mais à protéger leurs propres intérêts personnels. Ils le conduisent droit à un suicide politique et personnel, car une telle candidature serait perçue comme un refus de la transition et une provocation à l’instabilité. La vraie loyauté n’est pas de l’encourager dans cette voie, mais de l’accompagner dans une sortie digne et pacifique.

Redonner du souffle au patriotisme et à l’identité congolaise

En sortant par la grande porte, les Nordistes auraient l’occasion de se réapproprier un rôle historique : celui de garants de l’unité nationale. Cela suppose de dépasser les clivages ethniques et de réaffirmer une identité congolaise fondée sur la justice, l’égalité et la dignité. Cette démarche doit s’appuyer sur la conviction que la nation congolaise est une et indivisible – et que les clivages ethniques ou régionaux ont trop souvent servi d’alibi pour masquer des ambitions personnelles.

Préalable essentiel : la réconciliation inter-nordiste

Il est important de comprendre que la réconciliation nationale ne pourra véritablement se concrétiser sans passer d’abord par une réconciliation inter-nordiste. Car ce sont nous, les Nordistes, qui avons souvent répété qu’il fallait garder le pouvoir au Nord, pensant protéger nos intérêts et la stabilité. Aujourd’hui, nous devons dire non à cette manière de gouverner le pays : le pouvoir ne doit plus être perçu comme une chasse gardée régionale. La véritable grandeur consiste à reconnaître que nous pouvons, ensemble, restaurer le patriotisme et redonner vie à l’identité congolaise. Et cela commence par rompre avec la logique de domination pour construire un Congo uni.

Amorcer une transition de cinq ans pour refonder les institutions

La sortie de Denis Sassou Nguesso devrait s’accompagner de l’ouverture d’une transition apaisée, d’une durée de cinq ans, destinée à :

            • Rebâtir les institutions nationales sur des bases démocratiques et transparentes ;

           • Organiser un recensement impartial et des élections crédibles ;

            • Rétablir la confiance entre les citoyens et l’État.

Cette transition devrait être pilotée par un gouvernement inclusif et pluraliste, où chaque sensibilité politique et chaque région aurait sa place. Elle garantirait la neutralité de l’armée et des forces de sécurité, ainsi que la liberté de la presse et de la société civile.

Garantir l’absence de règlements de comptes

Pour réussir cette transition, il est essentiel de rassurer tous les acteurs – y compris ceux qui ont servi sous le régime actuel. Il ne peut pas y avoir de “chasse aux sorciers” ou de règlements de comptes qui alimenteraient la vengeance et l’instabilité. Une loi d’amnistie, limitée mais claire, pourrait sceller cet engagement : elle protégerait les acteurs politiques sortants des poursuites immédiates, tout en posant les bases d’un processus de vérité et de réconciliation plus tardif et apaisé.

Construire un pacte de réconciliation nationale

La réconciliation inter-nordiste doit être le prélude d’une réconciliation nationale plus large. Les Nordistes, en prenant l’initiative de cette sortie pacifique, enverraient un message fort : la priorité est de sauver le Congo, pas de s’accrocher au pouvoir. Cela ouvrirait la voie à un dialogue national qui rassemblerait toutes les forces politiques, religieuses et sociales pour définir un projet commun :

            • Soigner les blessures du passé ;

            • Reconnaître les erreurs commises par tous les camps ;

            • Établir un pacte d’avenir où chaque Congolais se sentirait représenté et protégé.

Une transition qui donne espoir d’un avenir partagé

La sortie de Denis Sassou Nguesso par la grande porte est la clé d’une renaissance congolaise. En assumant la responsabilité de cette étape historique, les Nordistes peuvent non seulement tourner la page d’un long règne, mais aussi réhabiliter l’idée de patriotisme congolais. Le Congo a besoin d’un sursaut collectif et d’une transition fondée sur la paix, la tolérance et la justice : une transition qui refuse la vengeance et qui donne enfin à chaque Congolais l’espoir d’un avenir partagé.

Tom Melvin BAIKI Le 01 juin 2025

5 réflexions sur “Stratégie de sortie honorable et de réconciliation nationale : Pour un Congo uni et apaisé

  1. Avatar de Tom Melvin BAIKI Tom Melvin BAIKI

    Commentaire reçu :
    « Bonjour Je suis d’accord avec cette expression de Tom Marvin, mais a mon avis il ne peux y avoir une réconciliation sans justice et vérité et la réparation des préjudices subis qui auraient occasionner des séquelles dont souffre les victimes du Régime Sassou Nguesso. »

    Réponse :
    Non, ce n’est pas un appel à une Conférence Nationale bis. C’est un appel adressé aux Nordistes, pour rompre avec l’idée qu’ils doivent absolument garder le pouvoir au Nord et cesser la manipulation qui consiste à dresser les Nordistes contre les Sudistes, en faisant croire aux Congolais que Sassou serait le garant unique de la stabilité politique. C’est à eux que je parle, et c’est là que j’appelle à la réconciliation inter-nordiste, comme préalable à la réconciliation nationale.

    Quant à la question de la justice que tu évoques, mon très chers compatriotes , la réconciliation nationale doit justement permettre de poser les termes de la transition : pendant cette transition, aucun règlement de comptes ne doit avoir lieu au nom de la justice. La justice véritable interviendra après, une fois que des institutions fortes, transparentes et une justice indépendante auront été mises en place.

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    1. Cher M. BAIKI,Il faut cependant faire la différence entre la réconciliation inter-nordiste qu’appelait Denis Sassou Nguesso à ses frères du Nord pour garder le pouvoir à l’issue de l’assassinat du Commandant Marien Ngouabi. C’est ainsi qu’il avait appelé des compatriotes du Nord, anciens membres du Cabinet du Président Jacques Joachim Yhombi-Opango, de revenir dans la famille au lieu d’aller dans le camp qui s’opposait au pouvoir du PCT après « l’ignoble » assassinat, comme il l’avait appelé !

      Si on a bien compris, la réconciliation inter-nordiste à laquelle vous faites allusion est celle qui doit aider M. Sassou Nguesso à prendre une décision politique de sortir par la grande porte sans pour autant que les compatriotes du Nord disent que le pouvoir doit rester au Nord. C’est bien cela, je pense.

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    2. Avatar de KG KG

      Durant la conférence nationale, quelqu’un avait dit: « J’ assume ».À la fin, il y’ a eu la cérémonie du lavement des mains dont c’était l’anniversaire hier.

      34 ans après, les mêmes mains sont encore plus sales, et plus personne n’assume. Tous responsables mais pas coupables. Il ne peut y avoir de sortie honorable pour eux. Ils doivent rendre des comptes et ce n’est pas une chasse aux sorcières que de rendre justice au nom de l’égalité. L’impunité ne peut perdurer, la république des intouchables doit disparaitre, et c’est un signal fort à envoyer à la population pour une réconciliation nationale.

      Quelqu’un d’autre avait dit « que vont devenir les mbochis si nous perdons le pouvoir ? » Voilà donc ce leadership qui peut servir à la nation. Alors, dégainer une réconciliation inter-nordiste comme préalable à une réconciliation nationale m’interpelle sur les limites géographiques et considérations ethniques de cette proposition. D’où à où ? Qui avec qui ?

      On ne peut faire une omelette sans casser les œufs. INGETA !!!

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  2. Avatar de Tom Melvin BAIKI Tom Melvin BAIKI

    À mes chers compatriotes congolais,

    Il est important de revenir sur l’appel à la réconciliation inter-nordiste lancé par Denis Sassou Nguesso après l’assassinat du Commandant Marien Ngouabi en 1977. À cette époque, cet appel visait à rassembler les frères du Nord pour consolider un pouvoir régional face aux divisions internes. Il s’agissait alors d’éviter que les Nordistes ne se dispersent entre camps opposés, notamment en rappelant certains anciens collaborateurs du Président Yhombi Opango dans la famille politique du PCT.

    Cette réconciliation était avant tout un acte stratégique pour garder le contrôle politique, au détriment parfois de l’unité nationale. Elle a renforcé une logique ethnique qui a, par la suite, contribué à fragiliser la cohésion du pays.

    Aujourd’hui, notre appel à la réconciliation inter-nordiste doit être différent et plus profond. Il ne s’agit pas de défendre un pouvoir régional ou ethnique, mais de dépasser ces clivages pour bâtir ensemble un Congo uni, fondé sur la justice, la démocratie et le respect de tous.

    Cette étape de réconciliation inter-nordiste est un préalable nécessaire avant d’envisager une réconciliation nationale large et sincère, capable de panser les blessures du passé.

    Nous devons engager une transition politique apaisée de cinq ans, pour refonder nos institutions, organiser des élections libres, transparentes et crédibles, et restaurer la confiance entre tous les Congolais.

    Pendant cette transition, il est essentiel qu’aucun règlement de comptes n’ait lieu. Seule une justice indépendante et des institutions solides permettront, par la suite, de garantir paix et stabilité durables.

    Chers compatriotes, le moment est venu pour nous tous, au-delà de nos origines, de travailler à l’émergence d’un Congo réconcilié, patriote et solidaire.

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