Dialogue ou États généraux de la nation, Modeste BOUKADIA dit sa part de vérité et demande la dissolution de l’Assemblée nationale
Murielle Ossié in La Griffe N°162 du 13 au 20 février 2013
Le Congo héberge des hommes politiques qui ne gardent pas leurs langues dans la poche. En tout cas, Modeste Boukadia (président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo « C.D.R.C. ») en est un. Car lors de sa conférence de presse organisée à Brazzaville (Ndr, le 3 février dernier), l’homme a dit tout haut ce que les uns et les autres pensent tout bas.
Partant de la situation du pays, Modeste Boukadia a dit sans tabou que « le Congo ne marche pas. Le peuple souffre. Le panier de la ménagère laisse à désirer car les prix des denrées alimentaires crèvent les poches des populations. Mais tous ces faits incombent au gouvernement qui n’est pas regardant sur les conditions de vie des populations », a-t-il dit.
Ainsi, pour remédier à cette situation que traverse le Congo, Modeste Boukadia a exigé la tenue d’une conférence nationale qui sera comme un tamis ; une conférence nationale exclue de l’esprit de la chasse aux sorcières ; une conférence nationale qui ne sera pas à l’image de celle de 1991 instrumentalisée, brouillée par les cadres « fabriqués » par le Pct parce que pour lui « si tous ceux qui avaient pris part à cette conférence nationale étaient des démocrates, on aurait mis à l’époque Monsieur Sassou en prison ; on aurait pu réquisitionner beaucoup de choses ; on aurait pu exclure Monsieur Sassou de la course présidentielle de 1992. Alors, comme la majorité des gens à cette conférence étaient des « pions » du Pct, ils ont donc bousillé cette grand’messe en créant des différents courants.
Ce que je propose aujourd’hui, c’est une vraie rencontre où les Congolais trouveront des solutions idoines pour la bonne gouvernance et la vraie unité nationale, d’autant plus que nous constatons qu’il y a un Etat du Nord dans ce pays.
Il faut que nous nous asseyions. C’est notre pays à tous. Mais si nous n’arrivions pas à nous entendre, nous risquons de nous retrouver avec un Etat du sud Congo. J’espère que nous n’arriverions pas là parce que, moi, j’ai besoin des forêts du nord. J’en ai besoin parce que mon pays est UN et Indivisible. La Constitution du 20 janvier 2002 est claire sur ce point et toutes les richesses qui se trouvent dans ce pays appartiennent aux Congolais. Je suis Congolais, je dois en jouir…
J’ai entendu dire que le Pct est en train de vouloir organiser un dialogue. Je dis que ce dialogue est une fuite en avant ; il n’arrangera pas les choses. » a-t-il dit.
Dans sa vision, le président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo entend par la conférence nationale affiner toutes actions pour atteindre les objectifs d’un mieux-être pour tous les citoyens du Congo. Mais ceci ne pourrait être mis en évidence que si tous les acteurs politiques et de la société civile accordaient leurs violons tant pour la gestion de la chose publique que pour l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles.
Modeste Boukadia demande la dissolution de l’Assemblée nationale congolaise
A propos des élections, Modeste Boukadia a demandé au Président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et de mettre en place un gouvernement d’union nationale. Cette demande tire sa genèse sur le rendu du Conseil Constitutionnel, qui, selon le président du C.D.R.C., a « reconnu l’inorganisation, le manque de transparence des élections. »
Sur la base de cette appréciation de la Cour Constitutionnelle, Modeste Boukadia indique qu’il est donc de bon aloi de méconnaître l’honorabilité des députés siégeant à l’Assemblée nationale actuelle.
« Le Peuple du Congo, est conscient que tous les nominés d’Ewo de décembre 2011 ne peuvent se prévaloir en toute constitutionnalité d’être les représentants choisis par lui, car le taux d’abstention chiffré à 94% issu du simulacre des élections législatives de juillet 2012 est criant de vérité. Cela implique au meilleur des cas que seulement 6% du corps électoral adouba cette Représentation. Nous sommes heureux au C.D.R.C. que le Conseil Constitutionnel ait statué anticonstitutionnelles ces élections, ce qui suppose tirer les conséquences » a-t-il dit avant d’ajouter « C’est la raison fondamentale pour laquelle au C.D.R.C. nous préconisons la transition démocratique afin d’éviter le déséquilibre des choses qui commence par nos institutions quand on sait que dans notre pays, avec son Parlement monocolore nommé par décret présidentiel, le gouvernement et le Haut Commandement Militaire ne reflètent pas l’Unité Nationale. Les membres de ces institutions sont issus à 98% de la partie Nord du pays ; ce qui constitue une violation flagrante du principe de la non-discrimination de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen laquelle stipule « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
Le Congo est a reconstruire
Le Congo avant-dernier sur l’indice de prospérité mondiale
Parlant de la situation du peuple lambda, Modeste Boukadia a indiqué que le pays est à reconstruire. Car, sa situation financière n’est pas brillante. Les fonctionnaires tirent le diable par la queue et atteignent difficilement le bout du mois avec leurs maigres salaires ; les bourses des étudiants à l’étranger sont impayées depuis de nombreux mois. Malgré son étiquette de producteur de bois et de pétrole, le Congo vient d’être classé avant-dernier sur l’indice de prospérité mondiale par The Lagatum Institute.
Poursuivant son constat, le président du Cercle des démocrates et Républicains du Congo a relevé qu’on assiste à une perte de repères culturels voire traditionnels au profit de comportements exogènes pour le moins destructeurs. Et, que dire de l’accentuation d’une discrimination entre Congolais au bénéfice des ressortissants ouest-africains ?
« L’Union fait la Force » dit un adage et ce n’est pas un vain mot. « A travers ce geste significatif, nous bâtirons un véritable État de droit, une véritable démocratie, une bonne gouvernance et une justice juste au service du peuple et non au service des individus qui voudraient s’échapper aux retombées de leur passé catastrophique.
Nous souhaitons déléguer les pouvoirs de façon démocratique, par des élections transparentes avec un découpage électoral fiable et des listes électorales issue d’un recensement des populations organisé selon les règles de l’art.
Pour cela, il faut s’asseoir en conférence nationale afin de remettre notre pays sur le chemin des Etats de droit, avec des mesures concrètes permettant un découpage électoral fiable, un recensement de la population selon les règles de l’art et des élections équitables, transparentes et crédibles afin que les élus soient respectés par tous. »
Signalons que le C.D.R.C. est un parti politique existant sur l’étendue du territoire national et qui fait des propositions pour que les intérêts du peuple congolais ne soient pas réquisitionner par quelques-uns.
« Notre histoire remémore que nous vivions unis et ne faisions pas de différences entre un ressortissant du Nord, du Sud, de l’est et de l’Ouest. Il n’y avait pas de ressortissants du Pool, de la Cuvette, du Kouilou ou des Plateaux. Quand nous allions d’un point à un autre, personne ne disait que vous êtes Bakongo, Téké, Vili, Mbochi ou Ngangoulou. Ces dénominations n’existaient que dans la cervelle de ceux qui apprenaient les ethnies du Congo pour leur culture générale.
J’exige donc la conférence nationale pour que nous remettions l’Etat Congolais dans ses fonctions. Je l’exige pour que les jeunes retrouvent de l’emploi, les fonctionnaires soient à la hauteur de subvenir à leurs besoins afin qu’ils aient une bonne retraite ; pour que les commerçants retrouvent leur place. Je ne suis pas xénophobe, mais je ne voudrais pas que le commerce dans notre pays soit pris d’assaut par des étrangers, comme c’est le cas aujourd’hui ; je ne veux plus que l’argent des ressources naturelles de notre pays soit la chasse gardée d’un groupe d’individus…
Voilà le Congo que je dessine pour la vie de toutes ces populations. » a dit Modeste Boukadia.